Type d’ouvrage : roman français sentimental contemporain
Auteur : Martin, Jean
Il n’y a pas d’autre édition ancienne connue.
Une transcription moderne accompagnée d’une notice bibliographique existe :
MARTIN, Jean, Le Papillon de Cupido, éd. Philomneste Junior, Genève, J. Gay et Fils, 1868 ; réimpr. Slatkine, Genève, 1971.
Le Papillon de Cupidon est un roman attribué à Jean Martin. Il est rédigé en vers. On peut s’interroger : l’ouvrage est-il une invention ou s’agit-il d’une traduction ? Le plus probable est que nous ayons affaire à un assemblage original de textes dont certains sont peut-être traduits ou adaptés de l’italien.
Jean Martin n’est que très peu connu. Ce que l’on sait de lui se réduit à peu près aux informations données par les pages de titre du Papillon de Cupidon et d’un autre ouvrage, La Reverence ecclesiasticque (publié en 1546), qui indiquent respectivement « Maistre Jehan Martin, seigneur de Choysi Disjonnoys » et « messire Jean Martin, docteur aux droictz, Seigneur de Choisy, et Chanoine de la Saincte Chapelle de Dijon ».
Le Papillon de Cupidon est le récit en première personne du voyage qui mène le narrateur, transformé en papillon par Cupidon, de Paris à Venise. Ce récit versifié s’articule autour des deux grandes étapes du périple : le séjour dans la capitale du royaume de France et la découverte de l’Italie. Après avoir été transformé par Cupidon alors qu’il errait dans la forêt en proie aux souffrances de l’amour, le narrateur commence par s’envoler à Paris puis se dirige vers une abbaye et suit un des moines. Le papillon décide ensuite de partir en Italie. Il arrive en Piémont et se lance dans le conte du Milanais et de la pucelle. Il part à Rome et se rend au Vatican. Il reste une semaine à observer la Curie romaine puis il continue sa promenade dans la ville. Il raconte l’histoire d’une belle jeune fille romaine qui s’enfuit avec son amant français et les accompagne jusqu’aux pieds des montagnes. Il retourne à Rome mais en est chassé par la famine qui y sévit. Il se rend alors à Bologne, à Lucques, à Ferrare et à Pise puis, de Padoue, il va jusqu’à Venise. Après avoir observé les marchands turcs du port, le papillon se rend auprès de madame Flore, une des plus belles jeunes filles de la ville, et raconte son histoire et celle de ses deux frères. Il décide ensuite de quitter l’Italie et part, en vain, à la recherche de Cupidon et Vénus afin de retrouver son apparence humaine. C’est finalement alors qu’il s’est endormi près d’une fontaine que lui apparaissent Jésus-Christ et la Vierge Marie qui lui pardonnent et lui rendent sa forme première.
Une édition, présentée comme la seconde publiée au XVIe siècle, est perdue :
Le Vol du Papillon de Cupido, Paris, Jacques Fézandat pour Nicolas Du Chemin, s. d. Mentionnée dans : La Croix du Maine, 1772, tome I, p. 540.
La reliure, en veau brun moucheté à dos long, avec titre en long doré (lettres larges) et gardes de papier marbré caillouté formant zigzags dans les tons rouge, bleu, vert et jaune, a été réalisée au début du XVIIIe siècle. Elle a été réalisée à la demande du bibliophile Jean-Pierre-Imbert Châtre de Cangé. L’ouvrage est entré dans la Bibliothèque royale à l’été 1733.
La reliure actuelle, en maroquin bleu et à tranches dorées, qui remplace une reliure en veau, date du XIXe siècle, a été réalisée par Trautz-Bauzonnet. Le livre a appartenu au XVIIIe siècle au duc de La Vallière puis a été vendu avec une partie de la bibliothèque de ce dernier en 1783 par Charles Chardin. Passé successivement entre les mains de Charles Nodier, d’Auguste Veinant et de Hippolyte Jordan, il a été acquis par le duc d’Aumale en février 1881. Ce dernier commente dans la section « Belles-Lettres » de son Catalogue des livres imprimés (XVe-XIXe) (p. 540-541) : « Très rare et assez piquant, moins cependant que ne le prétend Goujet ». Un ex-libris à l’encre très effacé indique probablement le nom d’un propriétaire du livre avant le duc de La Vallière ; on peut peut-être y reconnaître le nom de Jean-Baptiste Pâris de Meyzieu (1718-1778).
Outre l’adresse aux lecteurs transcrite ci-dessous, le paratexte liminaire contient un prologue versifié adressé « aux demoiselles » à propos « du faulx Cupido » [f. A3-A4].
Si je pensoys divertir les adventures amoureuses qui surviennent és devotes pensées des serviteurs d’amour, je diroys lors qu’amour (j’entens celuy de vertu) pourroit monstrer singuliere victoire de ce tant petit dieu paillard aux yeulx bendéz. Et que le credit de ses perfumées parolles seroit habandonné dés medecins veritables, Lequel voyez venir en place devant voz yeulx, ayant contenance d’ung enfant asseuré, humble au parler, et en gectant estincelles amoureuses vient approcher dés jeusnes damoiselles, laschant (comme le Scorpion) la quehuë entre les blanches cuysses, pour parvenir aux Cabynetz d’amour. Et là le plus souvent laisse le venyn de deshonneur, dont les aulcunes enflent. Ce sont doncques les doulces poysons, Dont les dames mectent l’honneur au vent comme la plume, pensant avoir choisy ung Zephyrus, et elles ont ung Vulturnus. Puis donc que dieu Cupido est si dangereux à suborner les pensées des jeusnes damoyselles, et que par innumerables cautelles vient amyablement surprendre leurs engins, Je les supplie treshumblement habandonner ce dieu plein d’imperfection. Et par cela prendre ung aultre Cupido de vertu, qui rompra les lyens de ce fornicateur, et leur rendra à jamais l’honneur d’asseurée liberté.
Romane Marlhoux
03/09/2017
20/08/2019
Citer cette noticeRomane Marlhoux, « Le Papillon de Cupido », in base ELR : éditions lyonnaises de romans du XVIe siècle (1501-1600), Pascale Mounier (dir.), en ligne : https://rhr16-elr.unicaen.fr/fiches/129 [consulté le 14/10/2024]