Type d’ouvrage : roman sentimental récent traduit
Auteur : Piccolomini, Enea Silvio
Histoire touchant les amours d’Eurialus et Lucrece, où est demonstrée l’issue malheureuse de l’Amour defendue. Paris, Antoine Le Clerc, 1554. Exempl. : München, Bayerische Staatsbibliothek, P lat 1851 g (consultable en ligne).
Il n’y a pas d’édition moderne.
Les Amours d’Eurialus et Lucrèce est l’adaptation en français d’un récit sentimental composé en latin par Enea Silvio Piccolomini en 1444. L’histoire fictive des amours adultères d’un chevalier de Franconie et d’une Siennoise, à fin tragique, a été massivement diffusée en manuscrit et en imprimé. On recense plus de trente manuscrits et au moins quarante imprimés édités avant 1500 dans toute l’Europe, principalement en Autriche, en Allemagne, en Suisse, en Italie et en France. De nombreuses traductions et adaptations ont vu le jour aux XVe et XVIe siècles (voir Bibliographie : Máté, 2009, p. 18-19). En France deux adaptations ont été produites avant 1500 et plusieurs autres ensuite, dont Les Amours d’Eurialus et Lucrèce.
La présente version est procurée par un certain « J. M. ». Les initiales, qui apparaissent en page de titre de l’édition et dans la signature d’un poème liminaire (« J. M. de S. Amour »), correspondent à celles de Jean Millet, éditeur et traducteur d’œuvres en latin et en grec. La traduction est en prose, à la différence des adaptations tout ou partiellement en vers d’Antitus Faure et d’Octavien de Saint-Gelais.
L’assignation sous-générique de l’œuvre est délicate. Le récit italien n’est en soi pas facile à rattacher à une catégorie unique. Les traits de la nouvelle y semblent toutefois dominer, notamment par le souci de l’avancée rapide de la narration et la prétention à la vérité des faits énoncée dans le paratexte. La traduction, qui a la particularité d’être la première traduction fidèle en français, met en œuvre les mêmes principes que l’original. Elle renforce peut-être aussi des éléments romanesques, que ceux-ci viennent ou non des deux adaptations de la nouvelle en roman à la fin du XVe siècle. La question mérite d’être approfondie.
Jean Millet a ajouté à l’original deux lettres de Piccolomini. Il précise qu’elles sont indépendantes de l’œuvre. Dans celle au duc Sigismond d’Autriche, l’auteur annonce qu’il accepte de rédiger pour le destinataire une lettre à la dame que celui-ci aime, tandis que celle à la dame en question, une certaine Lucrèce, fille du roi de Dacie, se présente comme une déclaration d’amour.
Après avoir été publiée à Paris pour la première fois peut-être en 1551, l’œuvre a
été reprise à Lyon par Benoît Rigaud et Jean Saugrain (éd. 1L’amour d’Eurialus et Lucresse : par lequel est succintement demonstré quel profit
vient du chaste amour, et quel dommage de l’impudique, avecq quelques epistres.
Lyon, Benoît Rigaud et Jean Saugrain, 1556.), qui en ont modifié un peu le titre.
Il existe une édition perdue ou fantôme :
L’Histoire des Amours d’Eurialus et Lucrece, où est demonstrée l’issue malheureuse de l’Amour defendue. Paris, Nicolas Chrestien, 1551. Mentionnée dans : Du Verdier, 1585, p. 726 ; BEL 15-16 20767.
Pascale Mounier
27/08/2019
30/08/2019
Citer cette noticePascale Mounier, « [De duobus amantibus] Amours d’Eurialus et Lucrèce », in base ELR : éditions lyonnaises de romans du XVIe siècle (1501-1600), Pascale Mounier (dir.), en ligne : https://rhr16-elr.unicaen.fr/fiches/131 [consulté le 21/11/2024]