Type d’ouvrage : roman sentimental récent traduit
Auteur : Flores, Juan de
BEAUFILZ, Jean, Jugement d’amour, éd. Irene Finotti, Paris, Classiques Garnier, 2009.
Il n’existe pas d’édition moderne de la traduction italienne de Grisel y Mirabella.
La tradition française de l’histoire de Grisel et Mirabella se développe sous deux formes, à deux moments et dans deux buts différents.
La première traduction française de ce texte suit la version italienne de Lelio Manfredi (à son tour traduction de
l’original de Juan de Flores). Elle prend un titre (Le Jugement d’amour) qui le relie au milieu légal, auquel appartient son auteur probable, l’avocat au
Châtelet Jean Beaufilz. Elle se répand en France dans le second quart du XVIe siècle et rejoint Lyon en 1530 (Hillaire éd. 1Le Jugement d’amour auquel est racomptee l’hystoire de Ysabel fille du Roy d’Esscoce
[sic] translatee de Espaignol en Francoys.
S. l. [Lyon], s. n. [Laurent Hillaire], 1530., Arnoullet éd. 2Le Jugement d’amour auquel est racomptee l’hystoire de Ysabel fille du Roy d’Escoce
translatee de espaignol en francoys nouuellement.
Lyon, Olivier Arnoullet, 2 décembre 1532.).
La seconde version, en se fondant sur le texte de Beaufilz, se rapproche toutefois davantage du texte
italien. Elle prend son essor dans la seconde moitié du siècle (à partir de 1546 jusqu’aux
premières années du siècle suivant). Le but didactique de cette deuxième traduction
se reflète dans le titre même (L’Histoire d’Aurelio et d’Isabelle) ; dans la mesure où l’on y voit un rapprochement par rapport à la source italienne,
publiée en regard par le premier éditeur et probable traducteur, le Parisien Gilles
Corrozet. Cette deuxième forme arrive à Lyon en 1552 (Barricat éd. 3L’Histoire d’Aurelio et d’Isabelle, fille du roy d’Escoce, mieux corrigée que par
cy devant.
Lyon, pour Eustache Barricat, 1552.) et y circule pendant trente ans (1582, Rigaud éd. 8L’Histoire d’Aurelio et Isabelle en italien et francoys, en laquelle est disputé qui
baille plus d’occasion d’aymer, l’homme a la femme, ou la femme a l’homme.
Lyon, Benoît Rigaud, 1582.).
Lyon, Benoist Rigaud, 1560 (en deux langues : italien et français).
Signalée par Reynier, p. 85, note 1 et Simón Díaz, III, 2, 5644.
La première traduction française de Grisel y Mirabella a été publiée à Paris en 1529 sous le titre Le Jugement d’amour, par les soins du traducteur Jean Beaufilz. L’année suivante, bien qu’il soit protégé
par un privilège royal de trois ans, Le Jugement rejoint clandestinement le marché lyonnais : en effet, d’après William Kemp, l’édition anonyme de 1530 (éd. 1Le Jugement d’amour auquel est racomptee l’hystoire de Ysabel fille du Roy d’Esscoce
[sic] translatee de Espaignol en Francoys.
S. l. [Lyon], s. n. [Laurent Hillaire], 1530.) serait sortie des presses de Laurent Hillaire – Brigitte Moreau l’avait précédemment attribuée au Parisien Pierre Vidoue –.
Le 2 décembre 1532, à peine libéré du privilège royal (expiré en septembre), Le Jugement d’amour revient à Lyon pour les types d’Olivier Arnoullet.
La présupposée origine lyonnaise de l’édition de 1530 pourrait trouver une confirmation
dans le rapport avec l’édition Arnoullet. D’après la collation des textes, deux hypothèses
sont possibles : l’édition de 1532 (éd. 2Le Jugement d’amour auquel est racomptee l’hystoire de Ysabel fille du Roy d’Escoce
translatee de espaignol en francoys nouuellement.
Lyon, Olivier Arnoullet, 2 décembre 1532.) dérive de celle de Laurent Hillaire, ou bien les deux ont une source commune. En tout cas, les deux éditions devraient
avoir circulé, selon toute probabilité, dans un même milieu, en l’occurrence le milieu
lyonnais.
Une troisième édition lyonnaise voit le jour en quelques décennies plus tard en 1568 dans l’atelier de Benoît Rigaud.
20 ans plus tard, l’histoire de Grisel y Mirabella est redécouverte à Lyon dans une fonction didactique qu’elle n’avait pas à l’origine mais que le traducteur et libraire parisien Gilles Corrozet lui avait imposée à partir de 1546, lorsqu’il avait fait paraître la première d’une longue série d’éditions bi- puis plurilingues.
Aucun rapport n’existe entre la tradition lyonnaise du Jugement d’amour et celle de L’Histoire d’Aurelio et d’Isabelle : la seconde traduction française est en effet le remaniement du texte-source italien ainsi que du texte d’une sous-famille de la branche parisienne-caennaise du Jugement d’amour.
À l’intérieur de la tradition de L’Histoire d’Aurelio et d’Isabelle, les éditions – plurilingues – lyonnaises (Barricat éd. 3L’Histoire d’Aurelio et d’Isabelle, fille du roy d’Escoce, mieux corrigée que par
cy devant.
Lyon, pour Eustache Barricat, 1552. et 4L’Histoire d’Aurelio et d’Isabelle, fille du roy d’Escoce.
Lyon, pour Eustache Barricat, 1553., Roville éd. 5L’Histoire d’Aurelio et Isabelle en italien et françoys, en laquelle est disputé qui
baille plus d’occasion d’aymer, l’homme à la femme, ou la femme à l’homme.
Lyon, Guillaume Roville, 1555., Rigaud éd. 7L’Histoire d’Aurelio et Isabelle en italien et françoys, en laquelle est disputé qui
baille plus d’occasion d’aymer, l’homme à la femme, ou la femme à l’homme.
Lyon, Benoît Rigaud, 1574. et 8L’Histoire d’Aurelio et Isabelle en italien et francoys, en laquelle est disputé qui
baille plus d’occasion d’aymer, l’homme a la femme, ou la femme a l’homme.
Lyon, Benoît Rigaud, 1582.) suivent les parisiennes dans le choix des langues proposées : le texte français est toujours accompagné de
l’italien ; alors que les imprimeries bruxelloises et anversoises privilégient les
éditions bilingues (espagnol et français) ou quadrilingues (italien, espagnol, français,
anglais).
Nous produisons un stemma de la filiation des différentes éditions.
Irene Finotti
04/11/2011
26/09/2019
Citer cette noticeIrene Finotti, « [Grisel y Mirabella] Jugement d’amour », in base ELR : éditions lyonnaises de romans du XVIe siècle (1501-1600), Pascale Mounier (dir.), en ligne : https://rhr16-elr.unicaen.fr/fiches/35 [consulté le 21/11/2024]