Type d’ouvrage : roman français sentimental contemporain
Auteur : [Denisot, Nicolas]
Roman sentimental sans antécédent direct, L’Amant Ressuscité a été publié pour la première fois à Lyon en 1557 par Maurice Roy et Louis Pesnot (éd. 1L’Amant resuscité de la mort d’amour, en cinq livres.
Lyon, Maurice Roy et Loys Pesnot, 1557.). Le texte doit pourtant beaucoup aux œuvres contemporaines. Imitation, insertion
de traductions, citations : le roman de Denisot fait feu de tout bois. G. Reynier
a le premier mis en évidence l’apport du roman espagnol, et notamment d’une œuvre
de Diego de San Pedro, le Tractado de amores de Arnalte y Lucenda, traduit par Nicolas Herberay des Essarts en 1539 sous le titre L’amant maltraicté de s’amye. Par ailleurs, l’AR renferme deux traductions effectuées par Denisot : un épisode emprunté à Virgile
(le « conte de Dido et d’Enée », Énéide, IV) ainsi que le « Naufragium » d’Érasme, extrait de la troisième édition reconnue
des Colloquia Familiaria, datée du mois d’août 1523. Cependant ni le nom d’Erasme ni le titre du Colloque
n’apparaissent dans le texte ni en manchette. Enfin Denisot effectue un savant montage
de passages empruntés à Cicéron (Orator, De Oratore, De amicitia, Paradoxia, De Officiis, De finibus, etc.), qu’il traduit et qu’il cite scrupuleusement en manchette. Les citations scripturaires
sont également légion.
Margaret Harris a la première suggéré que Nicolas Denisot se cachait sous le pseudonyme « Theodose Valentinian ». Renonçant à son autre alias, « Conte d’Alsinois », Denisot aura peut-être voulu rendre hommage à Valentine, à qui sont dédiés ses Noëlz, ou bien jouer avec les mots pour être celui qui, conformément à l’étymologie de ces noms, « se porte bien » parce qu’il a mis tout « son espoir en Dieu », comme l’illustre son œuvre. Toutefois Daniele Speziari, dans une thèse soutenue récemment, remet en cause cette attribution.
Après Maurice Roy et Louis Pesnot, le Lyonnais Ambroise Travers reprendra l’œuvre en 1626 (Lyon, BM 346684) en se contentant d’en modifier le titre : Les Angoisses d’amour. Histoire des desplaisirs amoureux et languissantes desirs. Où un amant, sous espoir de gouster des fruicts de ses amours, est mal traicté ce celle qu’il honnore, et inquieté de pensées contrariées et affligé d’une cruelle langueur, durans laquelle on luy donne pour entretien la dispute des vrays et parfaits amants avec leur felicité, comme aussi la peine des volages : Mais en vain, car il se treuve en telle extremité que quittant ses beautez, et impatient en ses peynes de sa trop grande patience, pour recours de ses martyres, il se laisse aller à des dolentes voix, des larmes explorables, et des souspirs si impetueux, que ses sens en sont alterez, son corpz attenué, et desesperé des Medecins, sinon que d’une extremité à l’autre, et en un moment, comme un autre miracle, il viend à revivre, et si libre des passions amoureuses, qu’il semble n’en avoir jamais esté touché. Il supprimera également l’épître « A sa Marguerite ».
Dans sa Bibliographie (IV, 308), Baudrier signale l’existence d’une édition lyonnaise sans nom datée de 1555. Le FVB indique deux localisations, qui sont toutefois erronées – la première concerne une édition de 1626 (Lyon, BM 346684) ; la seconde renvoie vraisemblablement à l’édition de 1558 (Paris, bibliothèque Sainte Geneviève, 4o Y 586 (3) inv. 1020 Rés.).
L’édition de 1548 signalée par Gueltlingen (8:152, 6) et par le FVB et conservée à Nantes (Dobrée 570) date en réalité également de 1558.
Véronique Duché
04/11/2011
14/09/2016
Citer cette noticeVéronique Duché, « Amant ressuscité », in base ELR : éditions lyonnaises de romans du XVIe siècle (1501-1600), Pascale Mounier (dir.), en ligne : https://rhr16-elr.unicaen.fr/fiches/62 [consulté le 21/11/2024]