Type d’ouvrage : roman français d’aventures de type médiéval
Auteur : Jean d’Arras
On compte 7 éditions de la version primitive imprimée (ou version longue) de Mélusine, pour la plupart lyonnaises, publiées aux XVe et XVIe siècles :
On dispose d’un fac-similé et d’une édition moderne de l’édition princeps de la version longue, la version courte n’ayant pas fait l’objet d’une édition critique :
Il existe deux traductions castillanes de Mélusine, dont la source est sans doute l’une des trois premières éditions lyonnaises du XVe siècle :
La première édition française du Roman de Mélusine, roman d’aventures en prose composé par Jean d’Arras vers 1393 à partir de l’histoire de la famille de Lusignan, a été imprimée par Adam Steinschaber à Genève en août 1478, l’année même où les presses genevoises ont commencé à fonctionner. D’après Hélène Bouquin (voir Bibliographie) l’édition princeps du Roman de Mélusine, dans sa version primitive longue, « semble suivre un manuscrit de la fin du XVe siècle, proche de celui conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote ms. fr. 1484 ». Cet in-folio est l’un des deux premiers livres illustrés publiés en français, en concurrence avec le Mirouer de la rédemption de l’umain lignage (Lyon, Martin Husz, 26 août 1478).
Les éditions suivantes des XVe et XVIe siècles sont lyonnaises, à l’exception de celles imprimées pour Jean Petit par Pierre Le Caron, s. d. [c. 1498] et par Thomas du Guernier, s d. [c. 1503]. La première édition lyonnaise se démarque de celle de Genève, dans la mesure où elle a recours aux bois gravés de la première édition illustrée allemande (Bâle, Bernhard Richel, c. 1474) du roman composé par Thürig von Ringoltingen qui se fonde pour sa part sur l’adaptation en vers donnée en 1400 par Coudrette de l’histoire de la fée poitevine. Ces bois seront également utilisés dans les éditions de Gaspar Ortuin et Pierre Schenk et celle de Guillaume Leroy, dont la disposition et le texte sont très similaires. Dans la deuxième édition de Mathieu Husz (Lyon, c. 1493), la mise en page du texte se resserre, l’image jouant désormais un rôle moins important. Le texte des éditions lyonnaises reste cependant proche de celui de l’édition de Genève, qu’elles corrigent et modernisent.
L’édition parisienne de 1517 que propose Michel Le Noir dissocie l’histoire de Mélusine
de celle de son fils Geoffroy, dont les aventures donnent naissance à un nouveau roman,
Les faitz et gestes des nobles conquestes de Geoffroy à la grand Dent (Lyon, Olivier Arnoullet, c. 1534). L’histoire de Melusine prend ainsi à Paris jusqu’en 1586 une forme simplifiée et plus brève, également adoptée par les deux uniques éditions lyonnaises du XVIe siècle, dues à O. Arnoullet (éd. 1Ung beau livre en francoys nommé Melusine. Qui fut fille au Roy Helynas et femme à
Raymondin duquel elle eut huyt filz. Dont vous sera faict mention de leurs proesses
au present livre.
Lyon, Olivier Arnoullet, 1528. et 2Ung beau livre en francoys nommé Melusine. Qui fut fille au Roy Helynas et femme à
Raymondin duquel elle eut huyt filz. Dont vous sera faict mention de leurs proesses
au present livre.
Lyon, Olivier Arnoullet, 13 février 1544.), en 1528 et 1545 (n. s.).
Malgré le succès en Europe du Nord des mises en prose du poème de Coudrette, le récit de Jean d’Arras a suscité deux versions espagnoles en 1489 et 1526. La première édition en castillan (Toulouse, 1489) dérive vraisemblablement d’un des incunables lyonnais, dont elle reprend les bois. L’édition sévillane (Séville, 1526) remanie le texte de l’édition toulousaine, peut-être à travers une source intermédiaire.
Dans les langues européennes du Nord de l’Europe, le poème de Coudrette a éclipsé la version de Jean d’Arras. On peut signaler l’adaptation allemande en prose de Thürig von Ringoltingen en 1456 ; le texte en vieil allemand a été imprimé dès 1467 ; trois éditions illustrées de gravures en pleine page ont paru en 1474, 1476 et 1477, exerçant une influence durable dans l’iconographie de Mélusine. Le succès des éditions allemandes du roman de Coudrette a pu pousser les imprimeurs francophones à redécouvrir la version en prose que Jean d’Arras avait composée à la fin du XIVe siècle. C’est en tout cas ce que laissent deviner les gravures de l’édition genevoise qui semblent copier des planches en bois utilisées par Bernhard Richel dans son édition illustrée du roman de Thürig von Ringoltingen (Bâle, c. 1474.). L’adaptation néerlandaise du récit de Coudrette (Anvers, Geraert Leeu, 1491) propose pour sa part une série inédite de gravures.
In-4°, 82 feuillets, gravures.
S’ensuyt ung beau livre en francoys nommé Melusine : Qui fut fille au roy Helinas et femme à Raymo[n]din duquel elle eut vuy filz : dont vous sera faict mention de leurs proesses au present livre.
Cy finist l’hytoire de Melusine nouvellement imprimée à Lyon. Et fut achevée le dernier jour de Mars. Mil.CCCCC. et xxviii. Par Olivier Arnoullet.
Ana Pairet
04/11/2011
16/02/2021
Citer cette noticeAna Pairet, « Mélusine », in base ELR : éditions lyonnaises de romans du XVIe siècle (1501-1600), Pascale Mounier (dir.), en ligne : https://rhr16-elr.unicaen.fr/fiches/98 [consulté le 21/11/2024]