Type d’ouvrage : roman d’aventures récent traduit
Auteur : anonyme
Pour la période de 1500 jusqu’en 1606, on peut signaler 4 autres éditions françaises :
Anonyme, La Historia de los dos enamorados Flores y Blancaflor, rey y reyna de España y emperadores de Roma. Nuevamente imprimido en la noble universidad de Alcala de Henares, Arnao Guillem de Brocar, 1512.
Éditions postérieures : s. l., s. n., s. d., [1520] ; s. l., s. n ., s. d., [1530] ; Sevilla, Cromberger, s. d. [1530] ; Sevilla, Cromberger, s. d. ; Burgos, F. de Junta, 1562 ; Burgos, F. de Junta, 1564 ; Alcala de Henares, J. Gracián, 1604 ; Sevilla, J. Cabezas, 1676 ; Sevilla, L. Martín Hermosilla, 1691 ; s. l., s. n., s. d., [1700].
La historia de los dos enamorados Flores y Blancaflor, éd. Adolfo Bonilla y San Martin, Madrid, Ruiz Hermanos, 1916.
L’Histoire amoureuse de Flores et Blanchefleur imprimée à Paris en 1554 et Rouen en 1561 et reprise à Lyon par Benoît Rigaud en 1596 est la traduction d’un texte espagnol anonyme, imprimé à Alcala de Henares par Arnao Guillem de Brocar en 1512 (et peut-être déjà avant, dès la fin du XVe siècle), qui constitue, selon G. Reynier (Le Roman sentimental avant l’Astrée, p. 92), « une adaptation très réduite de notre Floire et Blanchefleur ». Michel Fézandat, à qui l’on doit la première édition, fait donc repasser en France le « vieux roman », réduit par l’adaptation espagnole. Il y ajoute la traduction du roman de Juan de Segura (Queja y aviso contra Amor), lui-même imprimé, dans sa version d’origine, à la suite d’un autre texte (Processo de cartas de amores que entre dos amantes pasaron) et donné comme tiré du grec, mise en scène éditoriale permettant de recommander l’ouvrage aux lecteurs.
Le nom de Jacques Vincent est mentionné sur la page de titre, privilège réservé aux traducteurs à partir des années 1540 (voir Luce Guillerm, « L’auteur, les modèles, et le pouvoir ou la topique de la traduction au XVIe siècle en France », Revue des Sciences Humaines, 180, 1980-4, p. 5-31). Il s’agit d’un traducteur renommé qui avait l’habitude de travailler avec les éditeurs de son temps. On le retrouve à la fois pour des traductions latines, italiennes et espagnoles (Palmerin d’Angleterre, Roland amoureux de Boïardo, Oraison de maître Patrice Cocburne, Ecossois, traitant de l’utilité et excellence du Verbe divin, Pyrotechnie de Vanoccio Bringuccio, etc.). On le sait dauphinois, originaire de la ville de Crest-Arnaud ; il fut aumônier du comte d’Enghien et secrétaire de l’évêque du Puy en Velay.
Parmi les éditions non localisées, perdues ou fantômes, signalons d’abord une édition de Benoît Rigaud qui daterait de 1570. Elle est citée par Brunet, qui transcrit un extrait du colophon : « à la fin : imprimé par Fr. Durelle », preuve d’une collaboration entre les deux imprimeurs.Une seconde édition, également attribuée à Benoît Rigaud, est mentionnée chez La Croix du Maine (1584, p. 197) et du Verdier. Celle-ci serait postérieure à la première et daterait de 1571 : « Il [Jacques Vincent] a traduit d’Espagnol en Francois l’Histoire amoureuse de Dom Flore et Blanchefleur, son amie, avec la complainte que fait un Amant contre l’Amour et sa Dame, imprimée à Lyon par Benoit Rigault ; l’an 1571 ».
Outre l’épître dédicatoire transcrite ci-dessous, le paratexte liminaire contient une « Ode à Maistre Jacques Vincent sur l’augmentation de notre langue Françoise par Pierre Tredehan d’Angers » [p. 7-17] suivie d’un sonnet de Pierre Tredehan sur la devise de René de Sanzay [p. 18].
Zenocrates le sage Philosophe, tant fort renommé, asseure qu’en vraye amitié consiste bien et mal : comme ayant ensemble affinité. Or ayant cognoissance, vertueux Seigneur, qu’avez esté participant de choses plaisantes : et desquelles l’esprit humain peult recevoir contentement : j’ay bien voulu travailler mon esprit quelque espace de temps, pour traduire l’Histoire amoureuse de Flores, Prince d’Espagne, et de s’amie Blanchefleur. Puis l’ayant achevée, pensant au sçavoir, qui vous faict compagnie, assuré de vostre fermeté, ay prins desir, mettre en François la Complainte que faict Luzindaro, Prince d’Æthiopie contre le trompeur Cupidon, et une Dame. La perte de laquelle, ne luy fut moins fascheuse, que vous a esté le regret, lors qu’esloignates celle en qui gisoit vostre felicité. Je vous prie penser qu’en semblables affaires, celuy se peult reputer heureux, qui est exempt de passion et langueur : ce que je treuve impossible : car ce cruel Dieu des Amans, qui s’est autrefois bandé contre la Deesse Venus sa mere, est en coustume payer en semblable monnoye, ceux qui volontairement prennent plaisir obeir à ses loix. Lesquelles n’ayant en contemnement et mespris, j’ay mis en lumiere ce que vous presente. Et si aucun s’avance, et prent la hardiesse me desestimer pour m’estre amusé sur ceste histoire fabuleuse : je feray mon rampart de l’art d’aimer, escrit par Ovide, et des confabulations amoureuses, composées par Senecque : et pensant en eux, douray allegement à mon esprit. Car encore qu’ilz fussent sages, ingenieux, et subtilz : si n’avoyent ilz la jouissance d’un plus grand privilege que moy. Je croy bien que les trop curieux, ne faudront me declarer amy de fiction. Mais moy je leur respondray, que soubz le sens moral d’icelle, on peult recueillir quelque fruict. Vous avertissant, que le discours de ces deux Amants, nous faict cognoistre avec quelle obligation, ceux qui aspirent donner fin à leur peine, doivent estre constans, et user de vertu : laquelle rend immortel à la posterité, celuy qui s’estudie la suivre. Comme j’ay entendu qu’avez faict, par Maistre Pierre Tredehan d’Angers, mon familier amy, l’heureux commencement duquel, promet quelque chose de bon à ceux de la terre, où il s’est nourry, comme ils pourront voir de brief, par quelque oeuvre Poëtique, qu’il veult mettre en lumiere : attendant lequel, je vous prie vouloir poursuivre la faveur de vostre gloire, sans faire cas du travail qu’avez par cy devant souffert. Et par mesme moyen, continuer vostre amitié envers celuy, qui a perpetuité vous veult demourer treshumble serviteur.
Gaëlle Burg
04/11/2011
21/04/2018
Citer cette noticeGaëlle Burg, « [Flores y Blancaflor] Floire et Blancheflor », in base ELR : éditions lyonnaises de romans du XVIe siècle (1501-1600), Pascale Mounier (dir.), en ligne : https://rhr16-elr.unicaen.fr/fiches/78 [consulté le 21/11/2024]