Type d’ouvrage : roman d’aventures récent traduit
Auteur : Pulci, Luigi
Il n’y a pas d’édition moderne de la traduction française du XVIe siècle. Mais une adaptation moderne de celle-ci et une traduction moderne de l’original italien existent :
De nombreuses éditions italiennes des XVe et XVIe siècles sont citées par N. Harris (voir Bibliographie).
PULCI, Luigi, Morgante, 2 vol., éd. F. Ageno, Milano-Napoli, Mondadori, 1994 [1ère éd. 1955].
Morgant le géant est la première traduction française de Morgante, romanzo de Pulci publié pour la première fois en 1478 mais dont la première édition retrouvée date de 1481 ou 1482. Le traducteur est anonyme mais indique la date d’achèvement de son travail à la fin du récit : le 31 août 1517. Il a plus adapté le récit comique des aventures de Morgan, de Roland et de Renaud au temps de Charlemagne qu’il ne l’a traduit (voir Bibliographie : Montorsi, 2011), supprimant par exemple l’épisode de Morgant et de Margutte, le demi-géant incrédule (un passage jugé sans doute trop hétérodoxe alors qu’en Italie il a été souvent réimprimé séparément).. Dans le prologue et l’épilogue qu’il ajoute au récit italien, constitués de données historiques puisées dans la vie légendaire de Charlemagne présentées sous forme quasi narrative, il ne mentionne pas la source italienne. Le nom de Pulci n’apparaît pas non plus en page de titre.
La traduction, qui transpose les octaves hendécasyllabiques des vingt-huit chants
en prose et découpe le texte en chapitres, a connu un succès important en France, puisqu’on en dénombre onze éditions au XVIe siècle et trois au XVIIe siècle dans la Bibliothèque Bleue des Oudot. L’édition princeps, qui date de 1519, est parisienne. On compte trois éditions lyonnaises, réparties tout au long du siècle. Celle de Jean Lambany (éd. 1S’ensuyt l’Hÿstoire de Morgant le geant lequel avec ses freres persecutoyent souvent
les Chrestiens et serviteurs de Dieu, Mais finablement furent ces deux freres occis
par le conte Roland. Et le tiers fust chrestien qui depuis ayda moult à augmenter
la saincte foy catholicque, comme orrez cy apres.
Lyon, Jean Lambany, s. d. [c. 1529].), sans année de publication, est datable par défaut : les seules éditions datées
de l’imprimeur ont été publiées durant l’année 1529. Celle d’Olivier Arnoullet (éd. 2Morgant le Geant. S’ensuyt l’hystoire de Morgant le geant lequel avec ses freres persecutoyent
souvent les Chrestiens et serviteurs de Dieu. Mais finablement furent ces deux freres
occis par le conte Roland. Et le tiers fust chrestien qui depuis ayda moult à augmenter
la saincte foy catholicque, comme orrez cy apres.
Lyon, Olivier Arnoullet, 1548.) date de 1548. Celle de Benoît Rigaud (éd. 3L’hystoire de Morgant le geant.
Lyon, Benoît Rigaud, 1596.) date de 1596.
In-fol,, sign. A-S6, [4] f., [108] f. ; goth., 2 col. ; ? + 14 ill. ; privil. Unicum.
Incomplet de la page de titre, de la table des chapitres et du f. O4.
Sur un feuillet blanc du début un titre a été ajouté à la main : « L’hystoire de roland ».
Le titre est certainement le même que celui de l’édition de M. Le Noir de 1522, comme le montre la collation des éditions (voir aussi Bibliographie : Ankli), à une correction près (dans la graphie du terme hystoire) selon le colophon :
[S’ensuyt l’hystoire de Morgant le geant : lequel avec ses freres persecutoyent souvent les Chrestiens et serviteurs de Dieu, mais finablement furent ces deux freres occis par le conte Roland. Et le tiers fut chrestien, qui depuis ayda moult à augmenter la saincte foy catholicque : comme oirez ci apres].
Cy finist l’hystoire de Morgant… Et fut achevé d’imprimer le quinzieme jour de mai Mil cinq cens dixneuf. Cum privilegio Come il appert au premier feuillet de ce present livre.
In-4, sign. A4, B-Q8, [76] f. ; goth., longues lignes ; 3 + 47 ill. Unicum.
« S’ensuÿt la table de ce livre » au début. [Fig. 1 (tous droits réservés BML)]
Incomplet des f. B, B8, D4, D5, H, H4, L4, Le5 et entre Q3 et Q7 (il manque les chap. 132, 133 et 134). H8 est relié par erreur à la place de H.
Titre en rouge. Grande gravure représentant un chevalier armé d’une épée et d’un bouclier et d’autres chevaliers armés autour de lui, dont certains gisent à terre. [Fig. 2 (tous droits réservés BML)]
Cy finist l’Histoire de Morgant le Geant... [Fig. 3 (tous droits réservés BML)]
In-4, sign. A-O4, [162] f. ; goth., longues lignes ; 2 + 13 ill.
« S’ensuit la table de l’histoire de Roland et de Morgant le geant et de plusieurs autres chevaliers de France » au début.
S’ensuit l’histoire de Morgant le geant lequel avec ses freres persecutoient tousjours les Chrestiens et serviteurs de Dieu : Mais finablement furent ses deux freres occis par le conte Roland. Et le tiers fut Chrestien qui depuis ayda à augmenter la saincte foi catholique, comme orrez cy apres.
Titre en rouge et noir. Grande gravure représentant un chevalier armé d’une épée combattant d’autres chevaliers.
Au v° grande gravure représentant deux groupes de cavaliers s’affrontant à la lance.
Cy finist l’Histoire de Morgant le Geant…
In-8, sign. a8-u8, x6, y4, [170] f. ; goth., l. lignes ; 2 + 35 ill.
« S’ensuyt la table de ce livre » à la fin.
Titre en rouge et noir. Grande gravure (identique à éd. 1).
Au v° grande gravure représentant une dame en discussion avec un chevalier tenant une lance à la main.
Cy finist l’Histoire de Morgant le Geant…
In-4, sign. A4-O4, [160] f. ; goth., 2 col. ; 1 + 12 ill. Unicum.
« S’ensuit la table de l’histoire de Roland et de Morgant le geant et de plusieurs autres chevaliers de France » au début.
L’Hystoire de Morgant le geant, lequel avec ses freres persecutoient tousjours les Chrestiens et serviteurs de Dieu : Mais finablement furent ces deux freres occis par le Comte Roland. Et le tiers fut Chrestien qui depuis ayda à augmenter la saincte Foy catholique : comme orrez cy apres.
Titre en rouge et noir. Grande gravure (proche d’éd. Lotrian, c. 1536]).
Cy finist l’histoire de Morgant le Geant…
Sans qu’elle soit présentée comme un élément du paratexte, une pièce rédigée par le traducteur constitue le chapitre 1. Après la fin du récit, deux chapitres sont ajoutés par le traducteur (chapitres 134 et 135). Ces parties ajoutées constituent un cadre historique, portant sur Charlemagne, ajoutée par le traducteur.
Nous trouvons ès anciennes hystoires que environs les ans de nostre redemption sept cens quatre vingtz et dix apres la mort du pape Adrian fut esleu Lyon troysiesme de ce nom. Lequel estoit homme doulx et amyable à toutes gens et si estoit plain de sience, mais nous voyons que bien souvent les bons sont persecutez des mauvais ain[v]si que fut ce sainct pape Lyon. Car ung jour de la feste sainct Marc qu’il estoit à la procession chantant les lectanies ainsi que par ses predecesseurs avoit esté institué. Aucuns de ses ennemys le prindrent et luy creverent les yeulx et luy arracherent la langue et si luy firent plusieurs playes en son corps, puis le mirent en une forte et obscure prison mais nostre Seigneur qui jamais ne delaisse ses amys en leurs adversitez n’oublia pas le bon pape car il le guarist de toutes ses playes : et luy restitua la veue et la langue, puys yssit dehors de prison malgré ses ennemys. Après le sainct pere se partit de Rome et s’en vint à Paris se complaindre au bon roy Charlemaigne des grans oultrages que par les romains luy avoient esté faitz. Le roy fist grant honneur au sainct pere : et quant il eut bien entendu ses doleances il luy deist qu’il feroit vengeance de ses ennemys et peu de jours après le Roy se partit de France avecques grande armée et mena avecques luy le pape et fist tant par ses journées qu’il arriva à romme et incontinent fit prendre les malfaicteurs : et comme juste juge en fit telle vengeance que par ung jour furent ostée les testes à plus de troys cens personnes en la place de latran. Et plusieurs aultres mis en exil pource que ilz n’avoient pas deffendu le sainct pare des maulx que luy faisoient ses ennemys. Puis mist le pape en son siege appostolicque. Après par le consentement des romains, apres la mort de Nytephorus Empereur le pape couronna Charlemaigne empereur. Et quant on le couronnoit le pape crioyt à haulte voix : gloire et honneur soit à Charles tousjours Auguste : par ce moyen l’empire fut translaté des Grecz aux françoys : et à juste cause car l’eglise de Dieu avoit beaucoup souffert à cause que les Grecz ne l’avoient pas secourue depuis long temps mais l’avoient laissée en danger. Après que Charlemaigne fut couronné empereur le sainct pere luy donna l’université qui avoit esté translatée d’Athenes à Romme. Laquelle fut mise par ledit Empereur en la cité de Paris où elle florist de present.
Le noble Charlemaigne feist de grandes choses en son temps parquoy à bonne raison il a esté canonisé et mis au nombre des glorieux sainctz. Par luy fut la cité de Hierusalem et toute la terre de Promission reduycte à la foy chrestienne par son ordonnance. Isnardus moyne assembla les legendes de tous les sainctz martirs qu’il peust trouver en tout le monde et les meist en ung volume et trouvons qu’il estoit tous les jours la feste de plus de troys mille sainctz martirs. Charles le grand ediffia la grande eglise de sainct Jacques en galice et [a ii r] l’institua la principalle de toutes les eglises d’espaigne. Il fonda cinq grandes evechez, c’est assavoir magunce, coulogne, treves, salsbourg et lyon. Il fonda autant d’abbayes que il y a d’heure [sic] au jour et en la nuict affin que à toutes heures l’on priast pour luy. Jamais nul prince chrestien ne print tant de peine pour augmenter la foy chrestienne qu’il fist, car il fut cause que les allemaignes et les Espaignes et la pluspart des Ytalies furent faictes chrestiennes ainsi que plus à plain est contenu en ses cronicques. De merveilleux signes furent veuz avant la mort ainsi qu’il sera veu en la fin de ce livre.
Les cronicques tesmoignent que après que l’empereur Charlemaigne fut retourné des parties de Hierusalem qu’il se cuidoit reposer en la cité de paris il eust nouvelle que une grant armée des payens des parties d’affrique estoient arrivez ès parties de poille et de Calabre lesquelz gastoient tout le pays et brusloient villes et chasteaulx et avoient deliberé de destruire toute Romme et faire mourir le pape et tout son clergé puis venir en France et destruire toute la crestienté et y estoient plusieurs roys payens dont le chef estoit nommé Marfurius. Quant Charles sceut les nouvelles il assembla son armée et avecques les douzes Pers de France passa les montz de montion, la Lombardie et la rommenie et fist tant qu’il eust victoire des payens et fut mort Levy leur principal roy et plusieurs aultres chefz et la reste s’enfuyt. Et en celle bataille le nepveu de Charlemaigne nommé Roland filz de Million Dangler monstra la haulte proesse qui estoit en luy. Aussi feist Olivier de gennes son compaignon. Ogier le dannoys Regnault de montauban Nayme et les autres pers de France y firent de grandes chevalleries. Apres la desconfiture des payens l’empereur vint à romme et salua le sainct pere, lequel le remercia du grant secours qu’il avoit faict à la chrestienté et luy donna plusieurs sainctes relicques que Charles apporta en France et s’en retourna à Paris, et tous les roys et barons retournerent en leurs pays pour eulx reposer.
Pascale Mounier
Francesco Montorsi
04/11/2011
10/06/2024
Citer cette noticePascale Mounier, « [Morgante] Morgan le Géant », in base ELR : éditions lyonnaises de romans du XVIe siècle (1501-1600), Pascale Mounier (dir.), en ligne : https://rhr16-elr.unicaen.fr/fiches/44 [consulté le 21/11/2024]