Fanfreluche et Gaudichon

Bibliographie

Éditions anciennes [contribution : Raphaël Cappellen, Michèle Clément]

Éditions présentées comme lyonnaises

1. « Jean Diepi », 1572Mytistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon, « Lyon, Jean Diepi » [Paris, Maurice Ménier pour Claude Micard ?], 1572.
Exemplaire :Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, A: 162.1 Eth. (consultable en ligne).
2. « Jean Dieppi », 1574Mitistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon. « Lyon » [Paris], « Jean Dieppi », 1574.
Exemplaires : Paris, Bnf, Rés. Y2 2719 (consultable en ligne).Halle, Universitäts-und Landesbibliothek Sachsen-Anhalt, 13 WA 763.

Autres éditions anciennes

  • Mythistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon. Rouen, [Georges Loyselet pour] Nicolas Lescuyer, 1575. Exempl. : Regensburg, Staatliche Bibliothek, 999/Gall.171 (consultable en ligne).
  • Mythistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon. Rouen, Nicolas Lescuyer, 1578. Exempl. : Cambridge (Mass.), Houghton Library, *FC5 D4523 574mb.

Éditions modernes [contribution : Michèle Clément]

Deux éditions modernes et des fac-similé et sont disponibles :

  • Mitistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon..., Paris, Crapelet et P. Jannet, 1850. Fac-similé de l’éd. « Lyon, J. Diépi », 1574.
  • Mitistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon…, éd. partielle par les Frères Gébéodé, 1854, p. 63-81. Peut-être d’après une copie manuscrite (p. 64).
  • Mythistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon..., reprod. et notes par Marcel Françon, Cambridge (Mass.), Schoenhof’s Foreign Books, 1962. Fac-similé de l’éd. Rouen, N. Lescuyer, 1578.
  • Mythistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon, éd. Michèle Clément et Jean-Charles Monferran, Paris, STFM, à paraître. D’après l’éd. Lyon, Jean Diepi, 1572.

Études et articles

  • CAPPELLEN, Raphaël, « À l’enseigne du masque : imprimeurs, libraires et éditeurs de Rabelais de 1552 à 1588 », RHR, n° 82-83, 2016, p. 65-115 (consultable en ligne).
  • CAPPELLEN, Raphaël, « Sur quelques ouvrages en vernaculaire imprimés par Jean Pidié », communication à la journée d’études Biblyon. Livre, création littéraire et illustration à Lyon au XVIe siècle, Lyon, 25 juin 2021.
  • CLÉMENT, Michèle, « La Mythistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon ou comment inventer une “prose poétique” », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LXVII, n° 3, 2005, p. 561-573.
  • LA CHARITÉ, Claude, « La Mitistoire barragouyne (ca 1550) comme satire historiographique : de la dénonciation de l’historiographie stipendiée à l’invention d’une historiographie humaniste », dans La Satire dans tous ses états. Le « meslange satyricque » à la Renaissance française, dir. B. Renner, Genève, Droz, 2009, p. 139-157.
  • MENINI, Romain, « Parabolains et gringuenaudiers : Rabelais et Des Autels lecteurs d’Alciat », Réforme, Humanisme, Renaissance, RHR, n° 82-83, 2016, p. 117-137 (consultable en ligne).
  • MONFERRAN, Jean-Charles, « Chez les putains du Mont Fourchu : la visite du Parnasse par Gaudichon Des Autels », in La Muse s’amuse. Figures insolites de la Muse à la Renaissance, dir. P. Galand-Hallyn et A.-P. Pouey-Mounou, Genève, Droz, 2016, p. 279-300.
  • ROBERT-NICOUD, Vincent, « Qui a écrit la Mytistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon ? », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LXXIX, 2017, n° 1, p. 155-168.
  • YOUNG, Margaret, Guillaume Des Autels. A Study of his Life and Works, Genève, Droz, 1961.
  • ZAERCHER, Véronique, « La Mitistoire de Fanfreluche et Gaudichon : de l’imitation à la création romanesque », in Le Roman français au XVIe siècle ou le renouveau d’un genre dans le contexte européen, dir. M. Clément et P. Mounier, Strasbourg, PU Strasbourg, 2005, p. 281-294.

Présentation

Histoire éditoriale [contribution : Raphaël Cappellen, Michèle Clément]

Le titre

La Mythistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon est un roman parodique, inspiré de la manière des livres rabelaisiens. Son titre, volontairement obscur, assemble deux vocables, l’un savant, l’autre vulgaire : « Mitistoire » ou « mythistoire » est un oxymore composé de deux mots grecs, mythos et historia. Le mot apparaît en néo-latin sous la plume de Guillaume Budé, qui l’emploie d’abord dans le De Asse (1515), à propos des racontars d’Hérodote selon Strabon, puis dans le De Philologia (1532), pour qualifier notamment les romans de la Table ronde : « [Les rois d’avant] tenaient et lisaient comme faits historiques un entassement d’imaginations, presque des contes de bonnes femmes. Aussi de nos jours encore où la nuée des âges grossiers s’est dissipée à la lumière des lettres, voyons-nous encore des esprits peu avertis qui en restent imprégnés. Après s’être plongé dans une mer d’histoires, comme ils disent, ils déversent des récits d’exploits merveilleux devant un public d’ignorants. Quand parfois devant nous — qui avons émergé depuis longtemps d’un tel océan de fables — ils évoquent sérieusement et gravement leurs histoires, nous y prêtons l’oreille comme à d’agréables bouffonneries. Nous mettons ces bagatelles (nugas) au même rang que les célèbres récits mythiques de la Table ronde (mythistorias illas nobiles mensæ orbicularis), qui eux, pourtant, charment leurs lecteurs par une habile et ingénieuse diversité et retiennent l’attention des illettrés par les étonnants attraits de leurs évocations. » (Philologie (De Philologia), éd. et trad. M.-M. de La Garanderie, Paris, Les Belles Lettres, 2001, livre I, p. 92-93). Budé ne le dit pas, mais il avait trouvé le terme mythistoria dans l’Histoire Auguste (Julius Capitolinus, Vie de Macrin, I, 5), comme le savait encore Pierre de Saint Julien : « Je continueray de dire que les factions, et partialitez nous ont engendré infinies Mithistoires (ce mot est de Julius Capitolinus) ou (pour mieux dire) faussetez. [...] Et si nous venons à considerer les histoires de nostre temps : bon dieu en quelle difficulté nous trouverons nous de discerner le vray du faux. » (Meslanges historiques, et recueils de diverses matieres pour la plupart Paradoxales et neantmoins vrayes, Lyon, B. Rigaud, 1588, p. 45, cité par Mireille Huchon, « Le roman, histoire fabuleuse », Le Roman français au XVIe siècle, dir. M. Clément et P. Mounier, PU Strasbourg, 2005, p. 53.) Une « mythistoire » désigne donc une histoire fabuleuse à la manière des « Histoires véritables » de Lucien, un hybride narratif, mélange de faits vrais et faits fictionnels.

La « mitistoire » est qualifiée par un adjectif, « barragouyne », forgé sur les deux mots bretons (bara et gwin) qui signifient « pain » et « vin », désignant un idiome (le breton) qui semble barbare à ceux qui ne le comprennent pas. C’est peut-être à Rabelais que Des Autels emprunte le mot pour désigner un peuple, « les Barragouyns » (Pant., chap. 11, éd. La Pléiade, p. 254), Rabelais qui avait déjà, au chapitre 9 du même Pantagruel, qualifié de « barragouyn » (ibid., p. 247) le langage incompréhensible (allemand) parlé par Panurge. C’est alors une des toutes premières attestations en français (FEW et DMF évoquent une occurrence en 1391).

Absence du nom de l'auteur

Le texte est paru anonymement mais depuis Du Verdier, la Mythistoire est attribuée à Guillaume des Autels (Bibliotheque, 1585, p. 468 : « Estant à Valence escolier en l’estude du droict il [Des Autels] a escrit à l’imitation de Rabelais en son œuvre de Pantagruel un livre en prose non moins facecieux que de gaillarde invention, contenant 17. chapitres et intitulé / Fanfreluche et Gaudichon, Mythistoire Barragouyne […] »).

Cette attribution a presque toujours fait consensus dans la critique. Les proximités de la Mythistoire avec la biographie de Des Autels et le reste de son œuvre ont été parfois soulignées (p. ex. Cappellen, « “N’en faictes ne plus ne moins”… »). Mais, dans un article de 2017 (« Qui a écrit la Mytistoire barragouyne… »), Vincent Robert-Nicoud a tenté de réfuter cette attribution, jugée contestable, pour suggérer le nom d’Estienne Tabourot (pourtant né en 1547) à partir de « similitudes thématiques et génériques ». Bien que reprise par certains catalogues de vente ou encore la notice du catalogue Bnf dévolue à l’édition de 1574 (consultée le 30 décembre 2022), cette nouvelle proposition n’a cependant rien pour emporter l’adhésion, tant elle s’accorde mal avec le contenu, le contexte et l’histoire éditoriale du texte (celle-ci, mieux comprise depuis l’article de R. Cappellen, dont V. Robert-Nicoud n’avait pas pris connaissance).

Fausse adresse lyonnaise et édition lyonnaise perdue

La première édition aujourd’hui connue de la Mythistoire est datée de 1572. En page de titre, la mention de « Lyon, J. Diepi » est une fausse adresse. Raphaël Cappellen (« À l’enseigne du masque… ») a démontré, sur des critères matériels, que cette publication était sortie de l’atelier de Maurice Ménier, à Paris, peut-être pour Claude Micard. Il n’est pas anodin que cet imprimeur parisien ait publié aussi, quelques années plus tôt, non seulement la première édition connue du Cinquième livre (1564), volet apocryphe de la geste rabelaisienne, mais aussi plusieurs éditions des Œuvres de Rabelais (présentées elles aussi comme lyonnaises et attribuées à « Jean Martin »). Réécriture et parfois pastiche des narrations pantagruélines, la Mythistoire était vendue, dans les années 1570, par le libraire qui diffusait aussi les livres authentiquement rabelaisiens.

Mais une ou plusieurs édition(s) de la Mythistoire avaient dû paraître avant 1572, selon toute vraisemblance à Lyon. Il faut peut-être lire avec circonspection les précisions données par Lenglet Du Fresnoy (voir « Éditions non localisées »), qui signale deux éditions lyonnaises perdues (1559 et 1560) et une indication de format sujette à caution : « in 8 » (pour la première). Notons seulement que, pour la première édition in-16 connue (« Lyon, J. Diépi », 1572), Du Verdier (Bibliotheque, 1585, p. 468) évoquait déjà un in-8.

Il n’en demeure pas moins que, comme le résume Jean-Charles Monferran, « le livre paraît avoir été rédigé assez largement avant cette date [1572], l’actualité évoquée par le texte ne semblant guère aller au-delà des premières années de la décennie de 1550 » (« Chez les putains du Mont Fourchu… », p. 279-280).

Dans ses Memoires pour servir à l’histoire des homme illustres dans la République des Lettres (t. XXX, Paris, chez Briasson, 1734, p. 18), le père Niceron semble le premier à avoir proposé une explication de la fausse signature « Jean Diepi » (avec un seul p en 1572, mais deux en 1574) : « Jean Diepi est le nom renversé de l’Imprimeur Jean Pidier, qu’on prononçoit Pidié. ». Jean Pidié, imprimeur lyonnais, avait épousé la veuve de Pierre de Vingle, Catherine (fille de Claude Nourry, imprimeur du premier Pantagruel aujourd’hui connu). Si l’on ne peut imputer au vrai Pidié ‒ imprimeur lyonnais dont l’activité n’est pas certaine après 1555 ‒ les éditions parisiennes des années 1570, on peut se demander si le renversement de son nom n’indique pas qu’il avait bel et bien imprimé la Mythistoire dans les années 1550. Mais cette hypothèse, formulée par Raphaël Cappellen (communication orale, Biblyon, 2021), reste aussi séduisante qu’incertaine. Compte tenu de la carrière de Guillaume des Autels, on peut légitimement inférer que la ou les plus anciennes éditions du texte, aujourd’hui perdue(s), ont été lyonnaise(s).

Éditions non localisées [contribution : Michèle Clément]

Il existerait deux éditions lyonnaises sans exemplaire attesté mentionnées par Lenglet Du Fresnoy au XVIIIe siècle, suivi par Brunet :

  • – Lyon, s. n., 1559. Mentionnée dans : Bibliothèque des romans, Amsterdam, 1734, t. II, p. 257 ; Brunet, Manuel du libraire…, 1862, t. II, col. 607.
  • – Lyon, s. n., 1560. Mentionnée dans : Bibliothèque des romans, Amsterdam, 1734, t. II, p. 257 ; Brunet, Manuel du libraire…, 1862, t. II, col. 607.

Michèle Clément fait l’hypothèse d’une première édition lyonnaise sans exemplaire attesté publiée vers 1553-1554 par Jean Pidié, peut-être pour Jean Temporal en s’appuyant sur les bois des éditions de 1572 et de 1574 et sur la datation interne au roman (Mythistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon, éd. Michèle Clément et Jean-Charles Monferran, à paraître).

Éléments du paratexte : saisie personnelle [contribution : Michèle Clément]

Exemplaire Paris, Bnf, Rés. Y2 2719 (éd. 2Mytistoire barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon.
« Lyon, Jean Diepi » [Paris, Maurice Ménier pour Claude Micard ?], 1572.
)

Avant le « Proeme », qui précède lui-même le premier chapitre, le paratexte liminaire contient quatre courtes pièces de l’auteur.

Advertissement au Lecteur. [f. A v°]

NOTEZ que pour sçavoir et trouver le nom de l’Autheur, il faut oster les lettres superflues, et faire servir les autres autant de fois qu’il sera besoing.

Suradvertissement. [f. A v°]

L’Autheur escrivant de si grave matiere que ceste-cy, et de si honneste Dame que Fanfreluche estoit, ainsi magnificquement que vous voyez : et (pour parler signorialement) s’est retiré, comme dit l’autre, du grand chemin des vaches, mais si je trouve un amy qui conqueste une Conté par le squadron des brunettes, filles de Cadmus, pourtraites en son nom, vous en aurez bien tost la scientifique exposition, ne fust ce que pour faire peter les roussins. Quant à l’Escriture on n’en dit mot, attendant la decision du procez entre les Meigretistes, et antimeigretistes.

Ad lectores. [f. A2]

Nunc hic nuda placet, parumque culta
Nobis simplicitas, amice Lector,
Quæ si propterea minus videtur
Ornatus veneris, salisve habere
Doctos (quis vetat ?) eligas libellos :
Nos efficimus id, quod hic petendum est.

A. F. R. [f. A2]

Gaudichon, qui de Silenus
Avec Bacchus fut le pupille,
Ne boit aux gobelets tenus
Par tous ces Singes de Staphyle :
Encores moins est-il docile
À suyvre les pas et la trace
Du mal-avisé Roy de Trace :
Mais avec ris continuel,
Il s’enyvre à la bonne grace
De ton maistre Pantagruel.

TEL RID, QUI MORD.

Informations sur la fiche

Romain Menini

Michèle Clément

04/11/2011

30/01/2023

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