Type d’ouvrage : roman français comique contemporain
Auteur : Rabelais, François
Ne sont considérées que les quatre éditions du Cinquième livre ayant été imprimées comme des livres indépendants en 1564 et 1565. Les éditions ultérieures, dans lesquelles le Cinquiesme livre forme la dernière partie des Œuvres, sont abordées dans la notice dédiée aux Œuvres de François Rabelais.
Le Cinquième livre paraît en 1564, onze ans après la mort de Rabelais. Il avait été précédé, deux ans plus tôt, par la publication de L’Île Sonante, dont la seule édition connue fut imprimée à Tours (voir Bibliographie : Cappellen, 2021). Les quinze premiers chapitres de L’Île Sonante sont communs avec le Cinquième livre mais les très nombreuses variantes entre ces deux états prouvent que la parution de 1564 a été faite à partir d’une autre source. Le seizième chapitre de L’Île Sonante, qui narre la découverte de l’île des Apedeftes, est apocryphe et ne sera artificiellement inséré dans le texte du Cinquième livre qu’à partir d’une édition des Œuvres imprimée en 1567.
En outre, la BnF conserve un manuscrit allographe, peut-être copié au tout début des années 1560 (voir Bibliographie : Pédeflous), qui présente lui aussi un texte différent par rapport aux deux versions imprimées. Ces trois états (Île Sonante, Cinquième livre imprimé et Cinquième livre manuscrit) composent ce que la critique nomme par convention le « Ve livre ». Selon Mireille Huchon, dont les travaux font autorité sur la question de l’authenticité de ces inédits posthumes, « il s’agit de trois lectures parallèles de deux groupes de brouillons particulièrement difficiles à déchiffrer ; il apparaît que le Ve livre n’est qu’une création d’éditeurs faisant passer pour un dernier ouvrage des brouillons de Rabelais » (voir Bibliographie : Huchon, 1994, p. 1600).
Des quatre éditions indépendantes du Cinquiesme livre, la plus importante, celle de 1564, imprimée sans indication de lieu ni de nom, est une création parisienne, qui fut imprimée par Maurice Ménier, auquel on doit de nombreuses impressions de Rabelais (voir Bibliographie : Cappellen, 2016). C’est le médecin Jean de Mayerne, alias Jean Turquet, signataire du quatrain conclusif avec son anagramme « Nature quite », qui en a assuré l’édition. Le libraire Claude Micard a pu également être à l’initiative de cette publication. Les trois autres éditions sont des copies sans nouveauté par rapport à l’état initial. L’une de ces copies, elle aussi sans lieu ni nom, a dû être imprimée dans un atelier rouennais (voir Bibliographie : Cappellen, 2022).
Deux éditions portent au titre une adresse lyonnaise. Celle qui indique seulement « Lyon », sans nom d’imprimeur, a en réalité été imprimée à Paris. Le recours à de fausses adresses lyonnaises par des imprimeurs de Paris ou de Rouen sera récurrent dans les années qui suivront, pour les publications des Œuvres en cinq livres.
Ne reste donc qu’une seule édition réellement lyonnaise (éd. 1Le cinquiesme et dernier livre des faicts et dicts Heroïques du bon Pantagruel […].
Auquel est contenu la visitation de l’Oracle de la Dive Bacbuc, et le mot de la bouteille :
pour lequel avoir, est entrepris tout ce long voyage.
Lyon, Jean Martin [Hugues Barbou], 1565..), celle sur laquelle figure le nom de « Jan Martin ». Elle suit ligne à ligne l’édition princeps de 1564 (voir Bibliographie : Huchon,
1988). Si l’adresse lyonnaise est véridique, le nom d’imprimeur, quant à lui, est falsifié, puisqu’on peut identifier sur ce livre le matériel d’Hugues Barbou (voir Bibliographie : Cappellen, 2016), successeur de l’officine familiale à la suite
de sa sœur Denise Barbou (veuve de Balthazar Arnoullet), à Lyon, entre 1560-1561 et
1565, avant qu’il ne parte s’installer à Limoges (voir Bibliographie : Baudrier et
Ducourtieux). Pendant ces quelques années, Hugues Barbou travaille notamment pour
les héritiers de Jacques Giunta, Benoît Rigaud, Benoît Boyer, Guillaume Roville, mais
aussi Louis Cloquemin et Henri Hylaire. Or, en 1567, le libraire Jacques Du Puis dénonce
une copie de L’Agriculture et Maison rustique de Charles Estienne faite en 1565 à l’adresse de « Lyon, Jean Martin », qui serait
imputable à « un certain forfant, soy disant estre Libraire de Lyon, nommé L. C. et
en ses livres Jean Martin ». Ce « L. C. » pourrait bien être Louis Cloquemin (voir
Bibliographie : Arnoult). En 1565, Hugues Barbou (pour Louis Cloquemin ?) est le premier
à employer la fausse adresse « Jean Martin » sur une édition rabelaisienne. Ce pseudonyme
fut, ensuite, repris sur de nombreuses autres éditions prétendument lyonnaises, alors
qu’elles sortaient, en réalité, des presses d’imprimeurs parisiens ou rouennais.
Raphaël Cappellen
04/11/2011
17/02/2022
Citer cette noticeRaphaël Cappellen, « Cinquième livre », in base ELR : éditions lyonnaises de romans du XVIe siècle (1501-1600), Pascale Mounier (dir.), en ligne : https://rhr16-elr.unicaen.fr/fiches/72 [consulté le 21/11/2024]